Peinture – Introduction

Le Vertige

Les sentiments cachés s’expriment,
Les sens perdent leurs repères,
Le corps, cet amas organique,
A la foi véhicule et prison pour l’esprit
Enferme en poussant à la chute.
Avant que l ‘esprit n’ai même conscience de son existence,
Le corps remplit son rôle, il lie l’être et le monde.
Et pourtant, à tort,
On salit son nom,
On le décrète vulgaire,
Alors on le juge,
On le cache,
Pensant que l’esprit s’en trouvera grandit.
Sitôt le corps habitué à son environnement,
Nous nous en méfions
Pour au final observer sa propre chute en silence.
Nu, là, dans le noir, l’esprit se sent perdu, prêt à flancher.
Le corps, lui, ne s’abandonne pas.
A l’affut des échos du monde,
Il maintient le cap, sans faux semblant, restant fidèle à la source.
Peut etre par crainte, crainte de sa supériorité, crainte de son honnêteté.
Car l’esprit, lâche, redoute l’existence, ses questions l’empêchent d’avancer.
Là où l’âme se terre, se recroqueville, le corps lui se dresse, fièrement, sans crainte du noir.
Existant pour lui-même, il ne redoute pas le monde.
Alors il accepte le vertige, et il plonge.
Il plonge dans le noir, il plonge dans le vide.
Calme, apaisé
Pure, il n’a rien à cacher,
Il a tout à donner.

Le Pendu

Pendu par les pieds
Dans ce monde teinté de gris
Le corps à vif,
Sa chair, plus éclatante que jamais.
Il est l’Homme universel,
Ultime rempart raisonnable,
Universel dans sa forme ?
Certainement pas.
Peut-être alors dans l’esprit.
La société n’a plus de prises,
Le sexe, le genre, ne sont plus que des mots
Et pourtant il reste cette main
Est-ce la sienne ?
Celle d’une autre ?
Une simple réverbération,
à laquelle se raccrocher
Pour tenter de se raisonner.
Mais rien n’y fait,
Etre, c’est se débattre
L’existence tâtonne et expérimente,
Persuadée qu’elle peut se soustraire à sa propre condition.
Alors il se bat,
La tête sur le sol,
Endolori,
L’esprit frappe au hasard le ciel,
Pendu mais libre.
En faisant ce choix,
Il se singularise,
Et malgré lui,
Subit son injonction d’etre soi.